Promouvoir la santé en milieu carcéral

  Publié en mars 2017
Promouvoir la santé en milieu carcéral
Ce vendredi 17 mars, Novascopia en coopération avec le Club Experts Nutrition et Alimentation animait le comité Action Education Santé de la Maison Centrale de St Martin de Ré. Celui-ci se réunissait pour planifier les actions destinées à améliorer la santé  des personnes détenues. Depuis plusieurs années, deux orientations structurent le programme : la nutrition et l'activité sportive. L'enjeu est simple : aborder les problématiques de santé à travers l'offre et les habitudes alimentaires puis encourager la pratique d'activité sportive.
 
Au delà de l'organisation d'ateliers cuisine utiles pour aborder les repères nutritionnels à travers les pratiques de cantinage, des temps d'échanges sont consacrées aux conditions de la performance sportive. Sont ainsi abordées l’équilibre alimentaires, l’hydratation, les temps de repos et l’entretien physique. Un focus sur la « prise de masse musculaire » permet d’alerter sur les risques potentiels liés à l’apport de protéines.
 
Marie-Line HUC, diététicienne, vient apporter son éclairage à travers une remise en cause des croyances les plus courantes. Elles tournent principalement autour de trois registres :
  1. Il faut plus de protides pour produire plus de muscle
  2. Les sucres rapides sont nécessaires pour doper des performances
  3. Les compléments alimentaires sont utiles pour améliorer ses performances.
Les débats suscités autour de ses « fausses croyances » permettent alors de rebondir sur la qualité et la quantité des entraînements, les pratiques de cantinage ou encore la règle du G.P.L (A chaque repas : 4 portions de Glucides, 2 portions de Protides, 1 portion de Lipides) adaptée aux repas servis en détention.
 
A la citadelle ou à la Caserne, les échanges ont permis de prendre en compte  la quantité et la variété des activités sportives proposées aux détenus. Des questionnements spécifiques concernent les temps de récupération-sommeil nécessaires selon le volume d’activité sportive mais aussi les risques « santé » qui peuvent subvenir en cas d’absorption massive de compléments alimentaires (insuffisance rénale, insuffisance hépatique, réactions allergiques..). Un point de vigilance a aussi été mentionné sur les assaisonnements trop riches dans les repas servis en détention.
 
L’organisation de ses sessions d’information et de débats font partie intégrante du programme « Parcours Santé Nutrition en Détention » qui a choisi d’orienter son approche en prenant comme porte d’entrée l’alimentation et le sport. Depuis 2015, les actions sont programmées autour de 5 axes : le suivi sanitaire ; les pratiques alimentaires et le cantinage ; alimentation et performance sportive ; la lutte contre le gaspillage alimentaire ; formation et sensibilisation à l’apprentissage de la cuisine.
 
Cette démarche a été initiée dès 2013 en concertation avec les établissements pénitentiaires. Une enquête intitulée « Nutrition-Santé auprès des personnes détenues» a été réalisée en partenariat avec les 4 Unités Sanitaires de la Charente-Maritime, l’IREPS, le SPIP 17 et les directions de l’Administration Pénitentiaire. Au niveau méthodologique, 750 questionnaires ont été diffusés aux personnes détenues pour un taux de retour d’environ 50 % soit 372 questionnaires traités et 16 entretiens individuels ont été réalisés auprès de personnes détenues.
L’analyse des besoins de santé de la population carcérale a reflété les enjeux suivants :
  • Faible connaissance en santé
  • Poids important des déterminants environnementaux et comportementaux
  • Recours tardifs aux soins
Soutenu par l’Agence Régionale de Santé et la DRAAF, ce programme régional s’appuie sur trois axes stratégiques :
  • Un meilleur accès à la santé en favorisant une alimentation équilibrée et l’activité physique
  • Une coopération sanitaire et pénitentiaire renforcée
  • Une participation des personnes détenues à la conception des outils et des actions
A la Maison Centrale de St Martin de Ré, la mise en place d’un comité Action Education Santé permet aujourd’hui de rassembler les professionnels de l’Unité Sanitaire, la direction de l’établissement, le personnel de cuisine, les éducateurs sportifs, le personnel enseignant, le SPIP. Créé en décembre 2014, il a permis de définir les priorités d’actions en direction des détenus.
 
Dans cette perspective, les actions ont un socle commun mais aussi des initiatives propres à chaque établissement et adaptées aux problématiques des personnes détenues.
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